Louis XV créa le Mérite Militaire en 1759 ; décoration destinée cette fois à récompenser des officiers protestants. Mais ces derniers n'étaient pas français d'origine, mais descendants de huguenots établis hors des frontières et y servant le roi de France dans les régiments étrangers. Un orfèvre protestant à l'esprit pratique et frondeur eut l'idée de créer, à l'usage de ses seuls coreligionnaires, un insigne dont la forme générale aurait l'avantage d'être familière, mais dont certains détails et une disposition originale rappelleraient sans les plagier, les décorations défendues. C'est ainsi que le nimois Maystre, demeurant 4 rue du Marché, imagina vers 1688, de suspendre la colombe à une croix de Malte fleurdisée. Le peuple protestant s'enthousiasma pour un
bijou dérivé de la plaque qui ornait la poitrine de ses
principaux adversaires. On dirait vraiment que le peuple
protestant, sur l'initiative de cet orfèvre, a voulu dire
aux cent chevaliers triés sur le volet, de l'ordre du
Saint-Esprit : "Vous n'avez pas le monopole du Saint-Esprit
! Dieu a promis de le répandre sur toute créature. Nos
prophètes, nos inspirés le possèdent autant sinon plus que
vous ! nous croyons au sacerdoce universel !…" La légende prétend qu'après la révocation de l'Édit de Nantes, la larme adjointe à la croix de Malte aurait symbolisé les pleurs de l'Église Réformée affligée ou langue de feu semblable à celle qui, à la Pentecôte, se posèrent sur la tête des disciples. Il s'agit en fait d'une ampoule représentant la fiole sacrée que l'on conservait dans la cathédrale de Reims. Elle était remplie d'une huile réputée intarissable et qui depuis, servit à sacrer tous les rois de France. Par cette ampoule, ils n'ont cessé de prier avec l'encouragement et l'exemple des synodes.
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Extrait du site de l'église réformée de France http://www.eglise-reformee-fr.org/ avec l'aimable autorisation du Pasteur Jérome Cottin